André BOURDIL Peintre 1911-1982 |
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Origines familiales - leur influenceAndré Bourdil était issu, par sa mère, née de Massias de Bonne, d'une famille anoblie par Louis XIV pour faits de guerre qui fit souche au 17e siècle à Saint Pierre de la Martinique, fut presque totalement anéantie par la catastrophe de la montagne Pelée en 1902, et par son père, Professeur agrégé enseignant tes Lettres au Lycée Louis Barthou à Pau, d'une longue lignée de tisserands établis au moins depuis la fin du 16è siècle à St Cernin de la Barde, petit village du Périgord ; le Musée Pyrénéen de Lourdes possède un fonds sur ce dernier qui témoigne de sa passion pour les Pyrénées qu'il a parcouru à pieds ou à skis pendant plus de quinze ans, laissant de nombreux articles sur ses parcours en montagne, et un nom dans l'Histoire du Pyrénéisme. Cette ascendance explique ce qu'il écrivait en juin 1965 à Monsieur de Bonneval à propos de son inspiration picturale. Pour un peintre, tout particulièrement, l'hérédité est lessentiel, je veux dire que le meilleur est là, grâce à son apport irremplaçable, et à sa possibilité de féconder, en l'originalisant ce qui est acquis par l'étude. Jamais je ne me suis "senti" de France. Certes, je suis français par mon père, pur intellectuel latin, mais par ma mère, je suis d'ailleurs. Très tôt, je me suis senti, et même vu, comme constitué par deux moitiés, tant sur le plan spirituel que sur le plan physique. Et c'est à mesure que J'ai cheminé dans la peinture, extraordinaire moyen d'exploration de ce monde que J'ai pris mieux conscience de l'originalité de mon état. Du côté paternel me vient le sage sentiment analytique, du côté maternel, l'intuition, l'instinct, le sentiment tragique et magique de la vie. Au fur et à mesure de mon évolution artistique, l'héritage maternel sest affirmé, et il y a une vingtaine d'années j'ai eu la certitude quà mon insu j'avais remonté la pente du sang et entraîné ma mémoire vers les origines de lespèce, ainsi ai-je débouché sur un univers... où l'écorce des choses sont transparentes et laissent voir le mythe. Jamais mes instincts souterrains ne se fussent épanouis si mon état de "civilisé" m'avait absorbé au point de m'extraire de ma texture héréditaire. C'est le Peintre qui parle ici, car je ne suis que ça, et n'existe vraiment que par cette vision imposée peu à peu par l'Art. Alors sest affirmée cette étrange sensation, déjà éprouvée bien avant guerre, et à une époque où ma peinture nétait que sagesse je me sentais exotique, équatorial, non civilisé chrétiennement, primitif, et tout me poussait à m'orienter, à me situer et c est en Amérique Centrale que mon imagination trouvait sa source et son repos. Mon lieu ethnique, géographique est là-bas, Jen suis persuadé. SI on me faisait l'honneur de voir un message dans ce que
je n'ose appeler mon uvre, je suis sûr que son décryptage révélerait sa nature
ancestrale ... et je le souhaite précolombienne. Je reste persuadé quun greffon
exotique s'est planté dans la lignée. |
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Premières uvres - PauDe 1927 à 1931, avant son départ pour Paris, on dénombre une quarantaine duvres, Paysages, Natures mortes, Portraits, intérieurs, parmi lesquels sa première peinture sur toile de 1929 une nature morte (49,5 x 61) qui se trouve au Musée Calvet à Avignon. Ses premières réflexions écrites sur la peinture paraissent dans la Dépêche de Toulouse en 1931 à propos de luvre de Degas "Bureau de coton à la Nouvelle Orléans curiosité du Musée de Pau ; il y fait l'apologie de la Peinture pure qu'il oppose à la peinture impure: "
l'artiste sonde la matière, traverse
ses apparences pour rechercher l'obscur mystère qui apporte à sa perpétuelle
inquiétude, à sa constante quête d'émotions des possibilités de création, un
apaisement, une satisfaction de lâme ... il s'établit ce que Pascal appelle une
"communication0, une fission mystique de l'homme et de la nature, mystère
dont luvre d'art est le témoignage ; l'artiste doit exprimer le sens de son
époque, les idées sociales, les découvertes scientifiques et
philosophiques... " |
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Paris - lÉcole des Arts Décoratifs André LhoteEn 1931, l'artiste se rend à Paris, décidé à se consacrer à la peinture
coûte que coûte, les ressources familiales étant très faibles du fait du décès
prématuré de Son père en 1928; il suit les cours de l'École Nationale des Arts
décoratifs en 1933-1934 tout en gagnant sa vie comme surveillant au Lycée Janson de
Sailly. Commence alors la longue et amicale fréquentation dAndré Lhote et de son
cours, la découverte du cubisme lyrique et du surréalisme. |
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Les Sanatoriums de Saint Hilaire du Touvet et de ClairvivreSon existence bascule avec l'irruption de la maladie ; de très graves ennuis pulmonaires le conduisent au sanatorium de St Hilaire du Touvet (1935-1938) dirigé par le docteur Douady qui sait l'encourager dans son art, puis à Clairvivre où il cohabite notamment avec le peintre Gaston Chaissac (1939 et 1940), dans la même "baraque" comme l'écrivait Chaissac ; il le fait entrer en relation avec André Lhote ce qui permettra à Gaston Chaissac de connaître par la suite Jean Paulhan, puis le peintre Dubuffet. Son corps torturé et affaibli ne l'empêche pas pendant sa maladie de dessiner ou peindre une cinquantaine de sujets dont de très nombreux portraits de malades en affirmant son sens du trait et de l'analyse du visage reflet de la personnalité ; parmi eux on peut noter deux portraits remarquables, Quirin ou le volontaire de la guerre d1Espagne, 1938 (Musée Calvet) et le portrait de Louis Bourdil, son frère "Le Réfugié ou Anoranza", 1939, (Collection Jean Louis Bourdil), "qu'il a peint jusqu'à l'épuisement en exprimant la totalité de tout son être". Les années 1941 à 1945 lui révèlent l'Espagne et l'Afrique du Nord. |
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Madrid La Casa de VelazquezAndré Bourdil rencontre à la Casa de Velazquez, à laquelle il a été admis comme boursier de l'Académie des Beaux Arts, Marie Louise Amrouche, jeune Algérienne remarquée au Festival de Fez par Maurice Legendre et admise par celui-ci dans cette institution pour rechercher dans l'authentique folklore de la Péninsule Ibérique la survivance des traditions berbères ; elle est la sur du poète Kabyle Jean Amrouche, fondateur en 1944 avec Jacques Lassaigne et André Gide de la revue l'Arche ; elle est l'aede des trésors de la Culture kabyle et notamment de ses chants anciens transmis par sa mère ; ils se marient. Il peint à la Casa de Velazquez une quinzaine duvres dont le
portrait de Marie-Louise (1942) qui sera ultérieurement exposé à Londres en 1944 dans
le cadre de l'Exposition des Peintres de la France Libre, et le portrait de ('Homme de
Lettres, grand admirateur de la Culture française, Eduardo Luis Del Palacio (1942) ami
très proche de Maurice Legendre, dans lequel il a exprimé son fond espagnol et
tragique ; ce portrait n'est toujours pas retrouvé actuellement ; il participe en
juin 1942 à la première exposition annuelle de la Casa de Velazquez depuis la fin de la
guerre civile avec Mademoiselle de Tournemire (peintre), Mademoiselle Rose Ercole
(sculpteur) et Bernard Mougin (sculpteur). |